Valia
Terechkova : la première femme astronaute
Le 14 juin 1963, l'astronaute russe Valery Bykovski part
dans l'espace à bord du satellite Vostok-5, et le 16 juin, Valia Terechkova
s'apprête à partir avec Vostok-6.
Un témoin raconte son vol dans l'espace.
L'autocar qui devait emmener Valia à la base de
départ ne put contenir tous ceux qui
souhaitaient assister à l'envol de la jeune fille. J'eus la chance d'y
avoir une place. J'emportai mon magnétophone sur lequel j'enregistrai les
propos échangés pendant le trajet.
Valia, assise sur un siège pivotant, pouvait
voir tout le monde. Des chansons s'élevèrent à l'intérieur du véhicule,
évoquant le temps où, sur les routes
poussiéreuses des planètes, nous laisserions
nos empreintes. Par les fenêtres ouvertes, nous apercevions au loin la
fusée.
« Tout vient à point à qui sait
attendre », me dit Titov, assis à mes côtés.
Je compris que cette
phrase ne s'adressait pas tant à Valia qui voyait son heure arriver qu'à ceux des
cosmonautes qui, comme moi, ne savaient pas encore quand ils partiraient. L'assistance entonna un chant d'adieux russe un
peu triste. L'autocar freina. Nous étions arrivés.
« Tu diras bonjours à Valéry », fit
Nikolaev à Valia, tout en l'aidant à descendre sur les dalles de l'aire de
lancement, chauffées par un soleil radieux.
Un instant plus tard, Guerman Titov et
l'ingénieur Génia installèrent Valia dans
son vaisseau et refermèrent la trappe derrière eux. Lorsqu'ils
redescendirent sur le béton, Adrian Nikolaev s'approcha d'eux et leur demanda,
en chuchotant : « Comment est-elle, là-haut ?
— Merveilleusement calme. Il n'y a pas une ombre
d'inquiétude dans ses yeux, répondit l'ingénieur... »
Le dimanche 16 juin 1963, à 12 h 30 (heure de
Moscou), « Vostok-6 » prit donc son vol avec, à son bord, la première
femme cosmonaute du monde. Le vol devait durer initialement vingt-quatre
heures, mais encore à terre, en présence de l'ingénieur en chef, Valia avait
obtenu du président de la commission gouvernementale une prolongation de son
voyage cosmique, dans le cas où elle se sentirait en forme. Ainsi, son vaisseau pourrait atterrir en même temps que
celui de Bykovski. La première révolution de « Vostok-6 »
autour de la terre, la cinquième, la quinzième nous apprirent que le vol se
déroulait avec succès, et l'état de santé de Valia indiqua qu'elle pouvait encore travailler un temps prolongé dans le cosmos.
A la fin des premières vingt-quatre
heures, alors que l'ingénieur, en communication avec Valia, lui demandait
comment elle allait, elle répondit à sa question par une autre question :
« Est-ce que nous prolongeons le vol comme
convenu ? » Valia eut gain de cause. Son séjour dans le cosmos
durerait quarante-huit heures de plus que prévu. Elle atterrirait en même temps
que Valéry Bykovski, lequel, apprenant la nouvelle, s'en montra ravi :
« A deux, le cosmos est
plus gai ! », déclara-t-il. Par liaison radio, Valéry et Valia échangèrent leurs
impressions sur tout ce qu'ils voyaient. Dans un radiogramme qu'ils composèrent ensemble et qu'ils nous transmirent
de leurs vaisseaux, ils adressèrent au sol ce message : « Nous
souhaitons à tous les peuples de la Terre une paix et un
bonheur durables. »
Cette courte phrase fut
captée par les stations radio les plus importantes des continents et imprimée en
première page dans les journaux de nombreux pays. La Terre avait entendu ce
souhait du ciel...
Les deux cosmonautes
prirent plusieurs fois les commandes manuelles
des vaisseaux. Ils filmèrent la terre et le ciel et se livrèrent à des observations scientifiques, notamment sur la structure
des nuages, leur densité et leur orientation, pour rapporter une moisson
de renseignements précieux aux météorologues.
Dans leur journal de bord,
ils notèrent toutes leurs impressions par le menu. Sur la première
page de son journal, Valia écrivit :
« J'ai bien supporté le vol. Je ne me suis pas trop inquiétée. Après la
séparation du dernier étage de la fusée, le passage à l'état d'apesanteur s'est
fait en douceur. Aucun choc brutal. Ou peut-être est-ce parce que j'étais absorbée
par mes observations ? » Un peu plus loin, elle nota son absence d'impressions désagréables : « Pas de
vertige, pas de nausée. Je me sens légère comme sur la terre. »...
Au poste de commandement de
l'équipe d'accueil, les nouvelles se succédèrent, rassurantes : la mise à feu des fusées de freinage s'était exécutée
normalement ; « Vostok-6 » faisait route vers la terre ; enfin
Valia atterrit saine et sauve, à 620 kilomètres au nord-est de Karaganda, dans un champ inculte, à 11 h 20.
La nouvelle de l'atterrissage
de « Vostok-5 » nous parvint presque simultanément. Valéry Bykovski s'était posé à
540 kilomètres au nord-ouest de la capitale minière du Kazakhstan, après avoir survolé quatre-vingt une fois la
planète, être demeuré cent dix-neuf heures dans le cosmos et avoir parcouru plus de 3 300 000 kilomètres. Aucun cosmonaute
n'avait encore réalisé un tel record de distance et de durée. Quant à
Valia Terechkova, avec soixante et onze heures dans l'océan sidéral, deux millions de kilomètres exécutés et
quarante-huit révolutions autour de la
terre, elle détenait le premier record du vol spatial féminin, et le
détient toujours à ce jour.
Alexei
Leonov*, Piéton de l'espace, Ed. Stock.
Alexeï Leonov :
né le 30
mai 1934 à Listvianka, est un cosmonaute soviétique. Il fut le premier homme à
réaliser une sortie extravéhiculaire dans l'espace. ... source Wikipédia
Naissance
: 30 mai 1934 (79 ans), Listvianka
Missions
spatiales : Apollo-Soyouz, Voskhod 2
Temps
passé dans l'espace : 7j 0h 32m